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VW et Shell lavent plus vert !

Forum Tesla Magazine by tesladdict - 10 mai 2016

Presque pas gonflés! Même pas mal VW et surtout sans vergogne. Que Shell défende son pré carré avec l’assurance et la mauvaise foi d’un pétrolier, comme les fabricants de cigarettes en leur temps peut, sans s’admettre, se comprendre. Mais que VW avec les casseroles qu’elle se trimballe la ramène encore… on ne dira plus que l’arrogance est une exclusivité française quoique plutôt courante chez nous.

Source : By Arthur Neslen | In partnership with The Guardian

VW et Shell, ces deux micro entreprises viennent encore faire parler d’elles par leur remarquable tentative de détourner l’Europe des voitures électriques. (27 avril 2016).

Suite aux promesses du sommet sur le climat de Paris en Décembre dernier, l’UE potasse de quoi devenir bon élève en matière d’efficacité énergétique pour 2025 et 2030. Et bien l’UE potasse mal, VW et Shell lui soufflent la solution : seuls les biocarburants devraient être au cœur des efforts de l’industrie verte. Méthodologie préconisée en lieu et place de l’électricité, 1. une plus grande utilisation des biocarburants, 2. l’étiquetage des voitures quant à leur émission de CO2 (un moment de honte est vite passé) et 3. le système d’échange d’émissions de l’UE (ETS). Des sous à défaut d’air pur. Et de quoi bloquer une nouvelle action réglementaire significative sur les émissions des voitures pour plus d’une décennie, selon des sources de l’UE.

Ulrich Eichhorn, nouveau chef de la recherche et du développement chez VW, (mais que cherchent-ils et que développent-ils?(1) ) a admis que les véhicules hybrides et d’autres plus efficaces (lesquels) étaient des pierres angulaires pour l’avenir mais que dans l’intervalle il serait nécessaire de promouvoir les biocarburants. «Les véhicules diesel modernes et à gaz naturel seront absolument nécessaires pour tenir les objectifs de CO2 jusqu’en 2020 et à partir de là ils contribueront également à de nouvelles réductions. »

Mon anglais n’est pas terrible mais si j’ai bien compris ses propos, M. Eichhorn compte réaliser un merveilleux tour de passe-passe. Les vilaines voitures qui polluent au diesel actuel vont se refaire une virginité en diesel vert. Hocus poucus fidibus! Et nous aurons les poumons en capilotade mais bonne conscience puisqu’en continuant à les acheter « Les coûts sociaux (seront) minimisés pour garder notre force industrielle et de la compétitivité». Excusez-moi, la compétitivité ça ne se joue pas à un même niveau? Et puis pourquoi à partir de 2020 y aura-t-il des réductions d’émissions supplémentaires qu’on pourrait pas avoir avant?

Pas de bol l’apprenti sorcier. L’étude d’ Auto Fuels Coalition (Union des carburants Auto), écrit par Roland Berger, fait une série d’hypothèses très pessimistes sur les coûts à la fois des améliorations d’efficacité énergétique et des émissions de gaz à effet de serre des biocarburants. Une étude récente de l’UE a trouvé le plus sale biocarburant trois fois plus polluant que le diesel. On peut toutefois se demander pourquoi les performances du meilleur ne sont pas connues. Pour les militants verts, au lieu de réduire les émissions, l’utilisation du biodiesel dans les transports augmenterait les émissions polluantes de 4%, l’équivalent de 12 millions de voitures supplémentaires sur les routes jusqu’en 2020.

On comprend que nos deux compères aient le feu aux fesses. 400.000 pré-commandes du Model 3 Tesla, la décision du Parlement néerlandais d’ interdire les moteurs à essence et diesel en 2025. L’ Allemagne qui a promis une subvention coup de pouce d’ 1milliard d’euros pour l’achat de voitures électriques espérant en voir 1 million sur ses routes d’ici la fin de la décennie. C’est chaud. Surtout quand on est attaqué de toutes parts.

Le Docteur Christoph Wolff, directeur général de la Fondation européenne pour le climat, a déclaré au Guardian: « Le marché des véhicules électriques se développe rapidement en Chine, en Norvège aux Pays-Bas. Les décideurs européens doivent convenir des mesures rigoureuses qui pousseront le secteur de l’automobile vers le développement de produits aptes à soutenir la concurrence dans ce marché en évolution rapide ».

Mais Colin Crooks, vice-président de Shell pour le développement et la recherche, a déclaré: « Les combustibles liquides resteront essentiels pendant la transition vers une faible teneur en carbone puisque les moteurs à combustion interne vont continuer à encore alimenter la plupart des transports pour de nombreuses années à venir. » Ce qui n’est pas faux il faut l’admettre.
Aussi le géant pétrolier néerlandais a investi massivement dans l’éthanol brésilien. Là où ça pique c’est que si Crooks souligne que les biocarburants joueront un rôle clé dans l’avenir prudent il ajoute : « Les nouveaux carburants nécessiteront un soutien financier des gouvernements pour soutenir le développement de la technologie et de réduire le risque d’investissement« . Tiens donc! C’est pas de la philanthropie Shell? C’est pas sexy le bioéthanol?

Carlos Calvo Ambel, analyste pour le think-tank du Transport et l’Environnement, espagnol a déclaré que l’Europe échouerait dans ses objectifs de réduction du gaz à effet de serre si elle suivait les conseils de la Coalition des carburants Auto : « Les constructeurs automobiles, les compagnies pétrolières et les producteurs de biocarburants font une tentative désespérée pour dissuader l’Europe de mettre en place des normes de consommation de carburant pour les voitures, les fourgonnettes et les camions, un coup de pouce pour les véhicules électriques et la plupart des autres actions tellement nécessaires dans le secteur des transports« .

Quelques infos supplémentaires à piocher dans l’article d’Arthur Neslen.
Le transport routier représente actuellement environ un cinquième des émissions de gaz à effet de serre en Europe. L’UE a fixé un objectif de réduction de 60% des émissions de transport d’ici 2050, tel que mesuré par rapport aux niveaux de 1990. Les niveaux d’émission sont actuellement de 20% au-dessus de ce taux, bien qu’ils aient commencé à tomber. Mais grâce à qui, à quoi?

En 2021, aucune nouvelle voiture ne sera autorisée à émettre plus de 95 grammes de CO2 par kilomètre, (on peut le vérifier, on le sait, merci VW) mais l’électrification et l’électricité renouvelable à grande échelle seront nécessaires pour approcher le zéro niveau d’émissions. Et alors? On fait quoi?
(1) Mon démon intérieur ne résiste pas à rappeler des propos lus dans l’Argus du 17 mars 2014 où l’on entendait dans la bouche d’un représentant de la marque à propos de l’e-gGolf : « En ne créant pas de modèle spécifique, nous limitons les risques : la e-Golf est assemblée sur la même ligne que les autres Golf. Peu importe que nous en vendions 10 ou 10 000, car l’usine tourne sans elle ». Volkswagen ne se fixe d’ailleurs aucun objectif de vente pour cette e-Golf, chargée d’occuper le terrain aux côtés de la Golf GTE, une hybride rechargeable commercialisée au même moment.


2°C, c’est plié ?

Journal de l’environnement, 01/04/16   Valéry Laramée de Tannenberg

Deux chercheurs détaillent les efforts à réaliser pour atteindre les objectifs fixés par la COP 21. Inatteignables, estiment-ils. A moins dedécarboner le système énergétique et d’absorber une partie du CO2 présent dans l’atmosphère. C’est le genre de calcul qui fait froid dans le dos. Dans un article publié ce vendredi 1er avril par Energy Policy, Glenn Jones et Kevin Warnerfont un peu de prospective énergétique et climatique.

En s’appuyant sur les projections démographiques de l’ONU, les tendances d’évolution de la consommation d’énergie par tête calculées par BP, l’association d’anciens ingénieurs pétroliers Aspo et de chercheurs, les deux scientifiques de l’université de Galveston (Etats-Unis) estiment laquantité de CO2 énergétique que relâchera l’humanité entre 1900 et 2100.

Démographie et énergie

Résultat des courses : la stabilisation à 2°C, voire 1,5°C, promise par l’accord de Paris s’annonce des plus délicates. D’ici la fin du siècle,la population devrait passer de 7 à 11, voire 12 milliards d’habitants. Reprenant la tendance observée depuis le début du siècle, les auteursconsidèrent que la demande d’énergie doublera d’ici 2100.

Avec un bouquet énergétique proche de celui que nous connaissons aujourd’hui, ces besoins nous amènent dans le mur à grande vitesse. Oublié lescénario du Giec[1] RCP 2,6, seul à même de stabiliser le réchauffement à des niveaux comparables à ceux préconisés par l’accord de Paris. GlennJones et Kevin Warner estiment que les émissions tendancielles cumulées atteindront 4.700 milliards de tonnes de CO2 en 2100. On est très au-delàde la limite des 2.900 Mdt préconisée par le Giec dans son dernier rapport.

Tout l’investissement dans les renouvelables

Le réchauffement de 2,5 à 3°C, comme l’estime probable les deux chercheurs, est-il inéluctable? En théorie, non. Mais les moyens à mettre enœuvre sont considérables et la (vraie) transition énergétique doit immédiatement démarrer. Jugez plutôt. D’une façon générale, l’utilisation desénergies fossiles doit être considérablement réduite. Le tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles de gaz naturel et la quasi-totalitédes filons de charbon devront rester sous terre.

Tout l’investissement doit, dès à présent, être fléché vers les énergies décarbonées, en général, et renouvelables, en particulier. Car pourfreiner les ardeurs inflationnistes du mercure du thermomètre planétaire, les renouvelables devront fournir la moitié de l’énergie mondiale en…2028. Soit le triple de leur production actuelle. Excusez du peu.

13 millions d’éoliennes

A supposer que les banquiers trouvent les fonds nécessaires, que les politiques votent les lois adéquates, que les ensembliers disposent de tousles matériaux nécessaires, un tel effort est-il imaginable? Disons-le tout de suite: non. Pour satisfaire notre appétit énergétique tout en le décarbonant au niveau des 2°C, c’est près de 13 millions d’éoliennes de 5 mégawatts qu’il faudrait mettre en batterie (et changer tous les 20 ans), une superficie de 600.000 kilomètres carrés de panneaux photovoltaïques (plus étendue que la surface de la France). Sans oublier les 2 millions de km2 de bassins où seront cultivées les algues qui produiront les carburants liquides de demain.

Faut-il s’en étonner ? Sûrement pas. «Cette étude est en ligne avec ce que pensent les économistes pour qui les scénarios 2°C doiventgénéralement faire appel à des procédés permettant de ‘pomper’ du CO2 de l’atmosphère dans la seconde moitié du siècle (ou avant). Cettedifficulté est implicitement reconnue dans la COP 21 qui note qu’en 2030 nous en serons à 55 Mdt équivalent CO2 alors qu’il faudrait être à 40», rappelle le climatologue Jean Jouzel.

De fait, dans son article 4, l’accord de Paris souligne qu’il faudra «parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la seconde moitié du siècle». Dit autrement, la décarbonation massive de notre système énergétique ne suffira pas pour stabiliser le réchauffement. L’humanité devra aussi recourir à des moyens (la forêt) et des techniques (à développer) pour réduire sensiblement la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère en quelques décennies. La partie est bien loin d’être gagnée.

Actuellement, les énergéticiens prévoient de construire ou de mettre en service 1.500 centrales au charbon dans le monde. Or, révèle une étude de l'université d'Oxford, on devra arrêter la construction de telles installations dès 2018 pour avoir une chance sur deux de stabiliser le réchauffement à 2 °C.

<http://www.journaldelenvironnement.net/article/2-c-c-est-plie,68898?xtor=RSS-31>;


Démographie, énergie, climat : l’équation explosive

Blog Passeur de sciences, 31/03/16  Pierre Barthélémy

Peut-être se souvient-on encore de la belle unanimité des nations sur laquelle s'est achevée, en décembre dernier, la COP21, la conférence internationale sur le changement climatique. Non contraignant, l'accord de Paris prévoit de faire en sorte que la hausse moyenne des températures à la surface du globe se maintienne en deçà de 2°C – voire, idéalement, de 1,5°C – par rapport aux valeurs préindustrielles. Il y a eu une jolie photo, des sourires, de la satisfaction affichée d'être parvenu à mettre tout le monde d'accord. Et puis chacun a remballé ses affaires, est rentré chez soi, retourné à son quotidien de décideur politique ou de journaliste, aux prochaines échéances électorales, à sa campagne présidentielle, qui en France, qui aux Etats-Unis, etc. Parce que ces échéances semblent plus proches, plus urgentes, plus importantes, parce qu'on a l'impression qu'il reste du temps avant que le signal d'alarme du réchauffement climatique ne se déclenche.

Pourtant ce signal sonne déjà en continu. C'est ce que vient de rappeler, avec une cruauté froide et noire, une étude américaine publiée dans le prochain numéro de la revue Energy Policy. Signé par Glenn Jones et Kevin Warner (université A&M du Texas), cet article s'interroge sur notre capacité à résoudre ce qui est probablement un des plus grands défis du XXIe siècle, un casse-tête où se confrontent trois éléments : la croissance de la population mondiale, ses besoins en énergie et la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Ses deux auteurs rappellent quelques chiffres que chacun d'entre nous devrait avoir en tête.

D'abord quelques données démographiques : la population mondiale était de 1,6 milliard d'individus en 1900, contre 7,2 aujourd'hui et elledevrait, selon les projections de l'ONU, tourner autour de 11 milliards de personnes à la fin du siècle. A chaque heure de chaque jour, il y a en moyenne sur Terre 9 300 humains de plus qu'à l'heure précédente.

Ensuite viennent les besoins annuels en énergie de l'humanité. En 1900, ceux-ci s'élevaient à 6 400 milliards de kilowattheures (kWh), contre un peu plus de 150 000 milliards de kWh aujourd'hui. Si l'on prend en compte l'évolution de la population au cours de cette période, cela signifie que la consommation d'énergie par personne a plus que quintuplé en 115 ans. Le chiffre moyen de 21 100 kWh par personne et par an ne doit pas masquer les très grandes disparités actuelles. Ainsi, on estime qu'environ 20 % de la population mondiale n'a pas accès au réseau électrique, qu'un membre de l'Union européenne consomme près de 37 000 kWh par an contre 83 000 pour un Américain moyen. A chaque heure de chaque jour, nous extrayons des entrailles de la Terre 3,7 millions de barils de pétrole brut, 932 000 tonnes de charbon et 395 millions de mètres cubes de gaz naturel.

Enfin arrive l'objectif de contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C à la fin du siècle. Pour conserver 50 % de chances d'y parvenir, cela impose que l'humanité ne doit pas avoir émis plus de 2 900 gigatonnes de CO2 entre 1870 et 2100. Précisons ici qu'entre 1870 et 2010, près de 1 900 gigatonnes de dioxyde de carbone d'origine anthropique ont été envoyées dans l'atmosphère et que le rythme actuel des émissions ne fait qu'augmenter. Si les sociétés humaines parvenaient ne serait-ce qu'à stabiliser leur consommation de combustibles fossiles, la barre des 2 900 gigatonnes de CO2 serait de toute manière atteinte en 2038, soit bien avant 2100. A chaque heure de chaque jour, nous relâchons 4,1 millions de tonnes de CO2.

A partir de ces données, Glenn Jones et Kevin Warner ont établi quelques projections pour dessiner le portrait de la transition énergétique vers un monde décarboné. Comme la population mondiale va encore considérablement augmenter d'ici à 2100 et comme la consommation d'énergie par personne va elle aussi poursuivre sa hausse, notamment dans les pays émergents, ils estiment qu'en 2100, la production globale annuelle d'énergie sur Terre devra avoir plus que doublé par rapport à aujourd'hui et qu'elle devrait flirter avec les 320 000 milliards de kWh. Voilà le résultat chiffré de l'équation explosive qu'évoque le titre de ce billet.

Si l'humanité a réellement l'intention de suivre le traité de Paris, elle doit commencer dès maintenant à réduire la part des énergies fossiles et investir massivement dans les énergies renouvelables. Produire 320 000 milliards de kWh en 2100 implique en effet d'avoir installé d'ici là près de 14 millions d'éoliennes de 5 mégawatts (en tenant compte du nombre réel d'heures de fonctionnement et du facteur de charge), 650 000 kilomètres carrés de panneaux photovoltaïques (soit l'équivalent du territoire de la France, départements et régions d'outre-mer inclus), ainsi que 2 millions de kilomètres carrés de fabriques à biocarburants à base d'algues... Les calculs des deux chercheurs montrent que si l'on veut rester en-deçà des 2°C, il faut que la part des renouvelables dans le "mix" énergétique passe à 50 % en 2028 et ce à l'échelle mondiale ! Pour mémoire, elle ne s'élève qu'à 9 % aujourd'hui, en incluant l'hydroélectricité. Si on se concentre sur l'éolien, le solaire et les biocarburants, il faut multiplier par 37 les infrastructures actuelles. Encore ces estimations ne prennent-elles pas en compte l'énergie nécessaire pour extraire les matières premières utilisées dans la fabrication de toutes ces installations !

N'importe qui aura déjà compris qu'on se berce d'illusions si l'on pense pouvoir atteindre les objectifs du traité de Paris, surtout quand on se souvient qu'il a été fixé par des personnes dont les convictions environnementales s'avèrent souvent très circonstancielles et dont l'agenda ne dépasse en général pas l'horizon de la prochaine élection. Alors 2028 et 2100... Les auteurs de l'étude jugent nettement plus probable un scénario à 2,5 ou 3°C. Est-ce une manière de se rallier à un courant de pensée qui estime plus intelligent de s'adapter au réchauffement climatique plutôt que d'essayer de le limiter ? Pas vraiment. Non seulement ces deux chercheurs conçoivent leur travail comme "une sonnette d'alarme", ainsi que l'a expliqué Glenn Jones, mais ils soulignent, de manière très pragmatique, que nos sociétés, si elles ne s'adaptent pas à la nouvelle donne énergétique sous l'effet d'une prise de conscience écologique, devront de toute façon le faire sous la contrainte économique de la raréfaction des ressources fossiles. Parce qu'en 2100 on ne trouvera pas l'équivalent de 320 000 milliards de kWh sous terre. La réalité cruelle, c'est que si l'on n'agit pas, à la fin c'est la géologie qui gagne.

<http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2016/03/31/demographie-energie-climat-lequation-explosive/&...;


Réchauffement climatique : la situation est urgente. Quatre pistes pour éviter le pire

L’Obs, Le Plus, 27/03/16, 12h14  Dorota Retelska, scientifique

Pluies record, sécheresse dévastatrice et activité cyclonique inhabituelle : l'année 2015 est historique en termes de réchauffement climatique. C'est ce qu'affirme un récent communiqué de l'Organisation Météorologique Mondiale. Est-il trop tard pour agir ? Non, il est encore temps, affirme la chercheuse Dorota Retelska. Elle nous livre ses solutions pour éviter le pire. Comment arrêter le réchauffement sans suspendre le cours de notre civilisation ? Nous avons besoin d’une prise de conscience universelle, et d’une réduction des émissions forte et rapide.

Une situation urgente qui demande des mesures exceptionnelles

L’Organisation Météorologique Mondiale vient d’émettre un communiqué informant que l’année 2015 a été une année historique, par ses pluies record, la sécheresse dévastatrice, et une activité cyclonique inhabituelle. Cette tendance continue en 2016, février 2016 a atteint 1,35°C degrés de réchauffement. Les scientifiques ne s’attendaient pas à observer ces températures aussi vite, et sont très inquiets. Le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, affirmait : "Notre planète envoie un signal fort aux dirigeants pour qu'ils signent et mettent en oeuvre les mesures de l'accord de Paris sur le changement climatique et réduisent les émissions de gaz à effet de serre avant que nous ne dépassions le point de non retour." En effet, au dessus d’1,5°C, le climat de la Terre pourrait devenir instable. Des événements tels que les feux de forêt, la mort du plancton, le dégel du permafrost, la fonte des glaces pourraient tous contribuer à un réchauffement supplémentaire de la planète et se multiplier. Lestempêtes paralyseraient les transports et notre civilisation.

Nos dirigeants devraient réaliser l’urgence de la situation et prendre des mesures exceptionnelles.

Alors, comment pouvons-nous éviter que le réchauffement climatique ne s’emballe ?

Réduisons l’activité des usines

Une année de réduction généralisée de travail au mi-temps à l’échelle planétaire serait peut-être la réponse appropriée qui pourrait empêcher un emballement rapide du réchauffement. Une étude a montré que si les Américains travaillaient moins d’heures, comme les Européens, les émissions de carbone seraient réduites de 20%. Les longues heures de travail créent des comportements polluants, tels que l’usage de la voiture pour gagner du temps, l’achat de plats tout prêts à l’extérieur, ou le choix d’objets quasi-jetables plutôt que la réparation chez soi, et d’autres comportements générés par le stress. La semaine de trois ou quatre jours économise les émissions des trajets et le chauffage des locaux. Une réduction de la production industrielle d’objets s’entassant à l’infini dans les supermarchés, les entrepôts et les décharges serait la meilleure réponse au réchauffement de la planète entière. Elle limiterait les émissions de carbone de la production et du transport de l’excès de biens matériels. De plus, l’efficacité énergétique lors de la production industrielle est elle une nécessité absolue.

Exigeons des lois garantes d'une planète habitable pour nos enfants

Des lois et solutions gouvernementales pour la protection de l’environnement faciliteraient la transition.  Les émissions de CO2 de l’industrie et des véhicules peuvent être strictement limitées, et le passage aux énergies renouvelables doit être réalisé au plus vite. Le recyclage devrait aussi être encouragé. Etant donné le danger actuel, la construction des aéroports et des autoroutes devrait être suspendue, et les transports en commun encouragés, gratuits ou subventionnés.  Une incitation à l’alimentation végétarienne, par exemple l’exigence d’une alternative végétarienne dans les lieux publics, qui pourrait être subventionnée. Les catastrophes climatiques pourraient bien rendre dérisoire l’effort financier que nous consentons actuellement pour les éviter.  Des citoyens Hollandais et Américain ont poursuivi leur gouvernement en justice parce qu’il a mis en danger leurs conditions de vie au XXe siècle. Les gouvernements pourraient donc être bientôt obligés de limiter les émissions de Carbone. La loi française inclut maintenant la possibilité de poursuivre une entreprise coupable de préjudice écologique, et une remise en état du lieu dégradé peut être exigée. La majorité des entreprises devraient donc être jugées coupables de la destruction du climat terrestre, et elles devraient s’atteler à sa remise en état.

Modifions nos habitudes de consommation

Un effort d’information sans précédent s’impose. Tout européen doit savoir que le climat change dangereusement, et que les comportements écologiques réduiront les catastrophes à venir. La prise de conscience par les populations du danger proche que représente le climat devrait amener à une modification des habitudes de consommation, amenant une certaine modération et des choix plus écologiques : moins de viande, moins de déplacements, moins d’objets, objets écologiques, économies d’énergies, choix des énergies renouvelables. Il vaut mieux s'abstenir de consommer sans nécessité.

Exigeons des entreprises des objets durables

Peut-être devrions nous dès maintenant orienter la production des biens matériels vers des objets écologiques, durables et de qualité et réparables. Les entreprises gagneraient peut-être à anticiper cette demande. Nous pourrions parfaitement imaginer que les usines produisent moins d’objets, mais durables et de bonne qualité. Nous pourrions alors garder inchangé le dogme de la croissance sur lequel sont construites nos économies. Il est dans l’avantage de tout le monde de réduire la pollution, puisque cela conduirait à une réduction des cancers et des catastrophes climatiques. Nous devons accepter de payer pour la qualité, et passer des commandes en conséquence. Le public devrait être informé sur les avantages des objets à longue durée de vie, qui finalement seraient plus sûrs et confortables d’usage. Une exigence de garantie universelle suffirait peut-être à limiter les émissions de CO2, et la perte de temps et d’énergie monumentale que représente l’achat d’objets délétères. La prise de conscience par les populations du danger proche que représente le climat devrait amener à une modification des habitudes de consommation, amenant une certaine modération et des choix plus écologiques.

<http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1499308-rechauffement-climatique-la-situation-est-urgente-4...>